1

 

 

Le déflecteur du faisceau protonique du bévatron de Belmont trahit ses inventeurs le 2 octobre 1959, à 4 heures de l’après-midi. Ce qui se produisit, ensuite, ne dura qu’un instant. N’étant plus convenablement réfléchi, et ne se trouvant donc plus contrôlé, l’arc de six milliards de volts jaillit vers le plafond de la salle, brûlant tout sur son passage, et notamment une plateforme d’observation qui surmontait le puissant aimant torique. Huit personnes se trouvaient à ce moment-là sur la plate-forme ; un groupe de visiteurs et leur guide. Lorsque la plate-forme s’effondra, les huit personnes tombèrent sur le sol de la salle du bévatron et y restèrent, blessées ou plongées dans le coma, jusqu’à ce que le champ magnétique ait été interrompu et les radiations dures partiellement absorbées.

Sur les huit, quatre réclamaient une hospitalisation. Deux autres, moins gravement brûlées, restèrent sur place pour un examen approfondi. Les deux dernières, enfin, furent examinées, soignées et purent rentrer chez elles. Les journaux locaux, à San Francisco et Oakland, rapportèrent l’accident. Des avocats commencèrent à entamer des actions pour le compte des victimes. Quelques officiels furent lâchés sur le tas de débris, qui contenait à la fois les restes du déflecteur Wilcox-Jones et ceux de ses brillants inventeurs. Des ouvriers arrivèrent et se mirent à réparer les dégâts matériels.

L’accident avait duré peu de temps. À 4 heures, il avait débuté, et à 4h02, huit personnes avaient fait une chute de soixante pieds au travers du faisceau de protons émanant de la chambre circulaire interne de l’électro-aimant. Le guide, un jeune Noir, tomba le premier et fut aussi le premier à toucher le sol. Le dernier qui tomba fut un jeune technicien de la toute proche usine de fusées. Lorsque le groupe avait été conduit sur la plate-forme, il s’était écarté de ses compagnons, regagnait l’entrée, et fouillait ses poches en quête de cigarettes.

S’il ne s’était pas précipité en avant pour rattraper sa femme, il ne serait sans doute pas tombé avec les autres. C’était son dernier souvenir net : lâcher ses cigarettes et plonger en avant dans l’espoir vain de saisir le pan flottant du manteau de Marsha.

 

Pendant toute la matinée, Hamilton n’avait rien fait dans son laboratoire, que tailler des crayons et se faire du souci. Autour de lui, son équipe avait poursuivi son travail. À midi, Marsha était arrivée, charmante et fraîche. Un instant il fut tiré de sa triste somnolence par la petite créature délicatement parfumée et fort coûteuse qu’il avait réussi à conquérir, un bien qu’il appréciait plus encore que sa chaîne à haute fidélité et que sa collection de vieux et bons whiskies.

— Qu’est-ce qui se passe ? avait demandé Marsha, perchée sur le bord du bureau de métal, ses mains gantées jointes, et ses jambes minces se balançant sans cesse. Dépêchons-nous de déjeuner et nous pourrons y aller. C’est la première fois que ce déflecteur marche. As-tu oublié que tu voulais le voir ? Tu es prêt ?

— Je suis prêt pour la chambre à gaz, dit Hamilton, durement, et elle est tout aussi prête pour moi.

Les yeux bruns de Marsha s’arrondirent. Elle poursuivit sur un ton plus dramatique, plus sérieux :

— Qu’y a-t-il encore ? Un nouveau secret dont tu ne peux parler. Mon chéri, tu ne m’as pas dit qu’il se passait quelque chose d’important, aujourd’hui.

Ce matin, tu plaisantais et riais comme un enfant.

— Je ne savais rien encore ce matin. (Hamilton jeta un coup d’œil à sa montre et se leva.) Allons déjeuner. Tâchons de bien manger. C’est peut-être la dernière fois. Et ce sera peut-être le dernier souvenir que je garderai d’ici.

Mais il n’atteignit pas la sortie des laboratoires, et encore moins le restaurant qui se trouvait sur la route hors de la zone surveillée de l’usine. Un homme en uniforme l’arrêta, et lui tendit une feuille.

— Mr Hamilton, ceci pour vous. Le colonel T.E. Edwards m’a demandé de vous le donner.

Hamilton déplia le papier avec impatience.

— Cette fois-ci, dit-il doucement à sa femme, c’est fait. Va t’asseoir dans la salle d’attente. Si je ne suis pas de retour dans une heure environ, rentre à la maison et ouvre une boîte de conserve.

— Mais – elle fit un geste impuissant – tu as l’air si… si terrible. Dis-moi de quoi il s’agit.

Il savait de quoi il s’agissait. Il se pencha, l’embrassa légèrement sur ses lèvres rouges, humides, et maintenant effrayées. Puis, suivant à grands pas le messager dans les couloirs, il se dirigea vers les bureaux du colonel Edwards, vers la salle des grandes réunions où les huiles de la base l’attendaient.

Une assemblée solennelle.

Comme il s’asseyait, la présence lourde, opaque de ces hommes d’affaires plus âgés que lui l’oppressa ; une odeur de cigare, de désodorisant et de cirage noir flottait dans l’air. Un murmure incessant flottait autour de la longue table d’acier. À un bout de ta table, était assis le vieil Edwards en personne, derrière un rempart de dossiers et de rapports. À des degrés divers, du reste, chaque officiel disposait d’une petite muraille de papiers, de porte-documents ouverts, de cendriers, et de verres d’eau tiède. À cote du colonel Edwards se profilait la silhouette en uniforme, trapue de Charles Mc Feyffe, capitaine de la sécurité intérieure, et chargé de détecter tous les espions russes.

— Ainsi, vous êtes là, murmura le colonel Edwards, regardant froidement Hamilton par-dessus ses lunettes !

Cela ne va pas prendre beaucoup de temps. Il y a juste une affaire à l’ordre du jour ; vous n’aurez rien de plus à subir.

Hamilton ne répondit pas. Le visage contracté, il attendait.

— C’est à propos de votre femme, commença Edwards, suçant son pouce gras, et parcourant un rapport. Je vois ici que depuis la démission de Sutherland, vous avez eu la pleine responsabilité de nos laboratoires de recherches. Exact ?

Hamilton approuva. Ses mains, sur la table, étaient visiblement devenues blêmes. Comme s’il était déjà mort, pensa-t-il, en grimaçant. Comme s’il était déjà pendu, toute vie et toute chaleur l’ayant abandonné. Pendu, comme un jambon dans le noir sanctuaire d’un abattoir.

— Votre femme, dit Edwards avec lenteur, ses poignets mouchetés de taches jaunes s’élevant et s’abaissant tandis qu’il tournait des pages, vient d’être classée comme dangereuse pour la sécurité de l’usine. J’ai le rapport ici même. (Il fit un signe de tête en direction du capitaine de la police de l’usine.) Mc Feyffe me l’a apporté. Je dois ajouter, avec regret.

— Jamais rien autant regretté, grogna Mc Feyffe, à l’intention de Hamilton.

Ses yeux gris et durs semblaient essayer de s’excuser. Hamilton l’ignora.

— Vous êtes au courant, bien entendu, poursuivit Edwards, des règles de sécurité qui ont cours ici. Nous sommes une affaire privée, mais notre seul consommateur est le gouvernement. Personne n’achète de fusées, sauf l’oncle Sam. Aussi nous devons nous surveiller nous-mêmes. J’attire votre attention là-dessus. Prenez-le comme vous voudrez. Cette histoire ne devrait concerner que vous. Mais elle nous intéresse aussi parce que vous dirigez nos laboratoires de recherches.

Il jeta un coup d’œil à Hamilton comme s’il ne l’avait jamais vu – en dépit du fait qu’il l’avait engagé en 1949, dix années plus tôt, lorsque Hamilton était un jeune, brillant et ambitieux électronicien, frais émoulu du M.I.T.

— Cela veut dire que l’entrée de l’usine est interdite à Marsha ? demanda Hamilton, observant ses deux mains qui se nouaient et se dénouaient convulsivement.

— Non, répondit Edwards, cela signifie que vous n’avez plus accès aux projets classés secrets, jusqu’à ce que la situation se modifie.

— Mais cela signifie… (La voix d’Hamilton s’évanouit dans un silence inquiet.) Cela couvre tous les projets sur lesquels je travaille.

Personne ne répondit. Les officiels de la compagnie attendaient derrière leurs remparts de serviettes et de dossiers. Dans un coin, le climatiseur cliqueta timidement.

— Que je sois damné, dit brusquement Hamilton d’une voix très forte et très claire.

Quelques feuillets s’agitèrent de surprise tout autour de la table. Edwards le regarda de côté, avec curiosité. Charles Mc Feyffe alluma un cigare et promena une main nerveuse dans sa chevelure clairsemée. Il ressemblait, dans son uniforme brun, à un agent de la circulation ventripotent.

— Lisez-lui le dossier, dit-il. Donnez-lui une chance de se défendre, T.E. Il a tout de même des droits.

Le colonel Edwards se battit un instant avec la pile de feuillets. Puis, son visage s’assombrit, et il passa le paquet à Mc Feyffe.

— Votre département a établi ce dossier, grommela-t-il. Dites-le lui vous-même.

— Vous voulez dire que vous allez le lire ici-même ? protesta Hamilton. Devant trente personnes. En présence de chacun des responsables de la compagnie.

— Ils ont tous vu le rapport, dit Edwards, non sans amabilité. Il a été établi il y a un mois environ, et depuis il a beaucoup circulé. Après tout, mon garçon, vous êtes quelqu’un d’important ici. Nous ne voulions pas traiter la chose à la légère.

— Tout d’abord, dit Mc Feyffe, visiblement ennuyé, nous avons ce rapport du F.B.I. Il nous a été transmis.

— Sur votre requête ? demanda Hamilton sur un ton acide. Ou bien est-ce qu’il se promène tout simplement dans le pays ?

Le visage de Mc Feyffe s’empourpra.

— Bon, dit-il. Nous l’avons demandé en quelque sorte. Comme une enquête de routine. Mon Dieu, Jack, il y a quelque part une fiche qui me concerne, il y a même une fiche sur Nixon.

— Vous n’aurez pas à lire tout ce bla-bla-bla, dit Hamilton d’une voix tremblante. Marsha s’est inscrite au Parti Progressiste en 1948 en entrant à l’Université. Elle a envoyé de l’argent au Fonds de Secours des Réfugiés Espagnols. Elle s’est abonnée à En Fait. J’ai déjà entendu tout cela.

— Lisez, ordonna Edwards.

Péchant ici et là des éléments dans le rapport, Mc Feyffe énonça les charges découvertes contre Marsha.

— Mrs Hamilton quitte le Parti Progressiste en 1950. En Fait cesse d’être publié. En 1952, elle assiste à des réunions des Métiers, Arts et Sciences de Californie, une organisation de tendance pro-communiste. Elle a signé l’appel de Stockholm. Elle a adhéré à l’Union pour la défense des Libertés civiles, qui est considérée comme gauchisante.

— Qu’est-ce que ça signifie, demanda Hamilton, gauchisante ?

— Cela veut dire favorablement orientée à l’égard de groupes ou de personnes qui sont eux-mêmes favorablement orientés à l’égard du communisme.(Péniblement, Mc Feyffe poursuivit.)

— En mai 1953, Mrs Hamilton écrit une lettre à la Chronique de San Francisco, protestant contre l’interdiction faite à Charlie Chaplin de regagner les U.S.A.

Elle a signé l’Appel en faveur des Rosenberg : condamnés pour trahison. En 1954, elle a parlé à la Ligue des Electrices d’Alameda en faveur de l’admission de la Chine populaire à l’O.N.U. : un pays communiste.

En 1955, elle a adhéré à la branche d’Oakland de l’Organisation internationale, La Coexistence ou la Mort, qui possède des ramifications de l’autre côté du rideau de fer. Et en 1956, elle a envoyé de l’argent à l’Association pour le Progrès des gens de couleur. (Il tendit le papier.) Quarante-huit dollars et cinquante-cinq cents.

Il y eut un silence.

— C’est tout ? demanda Hamilton.

— C’est tout ce qui nous intéresse, oui.

— Est-ce que vous savez aussi, dit Hamilton essayant de conserver une voix ferme, que Marsha s’abonna au Chicago Tribune, qu’elle a fait campagne pour Adlai Stevenson en 1952. Qu’en 1953, elle a répondu à l’appel de la Société Humaine pour le Progrès des Chiens et des Chats ?

— Je ne vois rien qu’on puisse lui reprocher là-dedans, dit Edwards impatiemment.

— Cela complète le tableau. Bien entendu, Marsha s’est abonnée à En Fait ; elle s’est aussi abonnée au New Yorker. Elle a quitté le Parti Progressiste en même temps que Wallace et s’est inscrite aux Jeunes Démocrates. Le rapport mentionne-t-il cela ? Bien entendu elle était curieuse du communisme ; cela fait-il d’elle une communiste ? Tout ce que vous racontez à propos de Marsha qui lit des journaux ou écoute des orateurs de gauche ne signifie pas qu’elle accepte le communisme ou qu’elle se trouve sous la discipline du Parti ou appelle à renverser le gouvernement ou…

— Nous n’affirmons pas que votre femme est communiste, dit Mc Feyffe. Nous estimons seulement qu’elle représente un risque. La possibilité que Marsha soit une communiste existe.

— Seigneur Dieu, dit Hamilton sur un ton badin, alors je dois prouver qu’elle ne l’est pas. C’est bien ça ?

— La possibilité existe, répéta Edwards. Jack, restez calme, ne vous emballez pas. Peut-être Marsha est-elle une rouge ? Peut-être pas. Cela ne nous regarde pas. Ce que nous avons ici montre que votre femme s’intéresse à la politique, et à une politique plutôt radicale. Et ce n’est pas une bonne chose.

— Marsha s’intéresse à tout. Elle est intelligente et cultivée. Elle a toute la journée pour réfléchir. Est-ce qu’elle devrait rester assise chez elle et juste… (Les mots manquèrent à Hamilton.) Faire la poussière, cuisiner, coudre ?

— Nous avons des indices ici, dit Mc Feyffe. J’admets qu’aucun d’entre eux n’est significatif en lui-même. Mais ajoutez-les les uns aux autres, et si vous considérez la moyenne statistique, c’est diablement au-dessus, Jack. Votre femme est mêlée à trop de mouvements gauchisants.

— Coupable par association ? Elle est curieuse. Elle s’y intéresse. Est-ce que cela prouve qu’elle est d’accord avec ce qu’ils disent ?

— Nous ne pouvons pas regarder dans son esprit, et vous non plus. Tout ce que nous pouvons juger est ce qu’elle fait, les groupes auxquels elle appartient, les pétitions qu’elle signe, l’argent qu’elle envoie. C’est la seule preuve que nous ayons, nous devons nous en contenter. Vous dites qu’elle va à ces réunions mais qu’elle n’est pas d’accord avec les opinions exprimées. Bien, maintenant imaginez que la police fasse une rafle sur un spectacle pornographique et arrête les filles et la direction. Mais les spectateurs pourraient s’en tirer en disant que le spectacle ne leur a pas plu. (Mc Feyffe posa ses mains sur la table.) Seraient-ils venus si le spectacle ne leur plaisait pas ? Une fois, peut-être, pour la curiosité. Mais pas une fois après l’autre, sans arrêt.

— Votre femme a été mêlée à des groupes de gauche depuis dix ans, depuis ses dix-huit ans. Elle a eu tout le temps de se faire une idée à propos du communisme. Mais elle continue à y aller, elle y va lorsqu’un groupe communisant s’organise pour protester contre un lynchage dans le Sud ou contre le dernier budget militaire. Il me semble que le fait que Marsha lise le Chicago Tribune n’a pas plus de signification que celui de l’homme du spectacle pornographique allant à l’église. Cela prouve qu’il a plusieurs facettes… mais le fait reste qu’une de ces facettes prend du plaisir à des saloperies. Il n’est pas fiché parce qu’il va à l’église. Il est fiché parce qu’il aime la pornographie et parce qu’il va voir des saloperies.

— Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de votre femme peut être parfaitement américain, elle peut être une bonne cuisinière, une bonne conductrice, payer ses impôts, être généreuse, et cuire des gâteaux pour les kermesses. Mais le un pour cent restant peut être engagé dans le Parti communiste. C’est tout.

Après un instant, Hamilton admit à contrecœur :

— Vous présentez bien votre affaire.

— Je crois que j’ai raison. Je vous connais, vous et Marsha, depuis que vous travaillez ici. Je vous aime bien tous les deux, et Edwards aussi. Tout le monde vous aime bien. Mais cela ne fait pas l’affaire. Jusqu’au moment où nous aurons la télépathie et pourrons jeter un coup d’œil dans l’esprit des gens, nous dépendrons de renseignements statistiques. Non, nous ne pouvons pas prouver que Marsha est un agent d’une puissance étrangère. Et vous ne pouvez pas non plus prouver le contraire. Dans l’ignorance, nous devons lui donner tort. Nous ne pouvons simplement pas prendre le risque.

Caressant sa lourde lèvre inférieure, Mc Feyffe demanda :

— Est-ce que vous vous êtes jamais demandé si elle est communiste ?

Il ne se l’était jamais demandé. Couvert de sueur Hamilton resta muet, fixant la surface brillante de la table. Il avait toujours admis que Marsha disait la vérité, qu’elle était surtout curieuse du communisme. Pour la première fois, un malheureux, un terrible soupçon faisait irruption dans son esprit. Statistiquement, c’était possible.

— Je le lui demanderai, dit-il à voix haute.

— Vous le ferez, demanda Edwards. Et que dira-t-elle ?

— Elle dira non, évidemment.

Secouant la tête, Edwards dit :

— Ça ne sert à rien, Jack. Et si vous y réfléchissez, vous serez d’accord avec moi.

Hamilton se leva.

— Elle est dans la salle d’attente. Vous pouvez l’appeler, le lui demander vous-même.

— Je ne vais pas essayer de discuter avec vous, dit Edwards. Votre femme est classée dans la catégorie « risque pour la sécurité », et jusqu’à nouvel ordre, vous êtes déchargé de vos responsabilités. Ou bien apportez-nous une preuve convaincante qu’elle n’est pas communiste, ou bien débarrassez-vous-en. (Il haussa les épaules.) Vous avez une belle carrière devant vous, mon garçon. C’est l’œuvre de votre vie.

Mc Feyffe fit à pas lourds le tour de la table. La réunion était finie. La conférence sur le cas Hamilton était close. Saisissant le bras du technicien, Mc Feyffe le conduisit vers la porte :

— Allons faire un tour ensemble, tous les trois, Marsha, vous et moi. Allons prendre un verre au Bon Port. Je pense que nous en avons besoin.